Si vous passez un dimanche à l’angle de Royal Street et de Clouet Street, dans le quartier du Bywater à la Nouvelle-Orléans, vous vous croirez peut-être à l’extérieur d’une salle de danse cajun en Acadiana. Tous les deuxièmes dimanches, d’octobre à mai, le Tigermen Den, une maison vieille de deux cents ans, transformée en restaurant et salle de danse, organise un brunch dansant cajun pour le plaisir des invités, dont beaucoup foulent le parquet au son de la musique live.
Leesaw Andaloro, propriétaire du Tigermen Den et originaire de Toronto, est tombée amoureuse de la musique et de la danse cajun peu après l’ouragan Katrina, lorsqu’un Louisianais lui fait découvrir un traditionnel Fais Do-Do au Café Des Amis à Breaux Bridge. « La première fois que je suis allée au Café Des Amis, je me suis assise là et j’étais au paradis », explique Andaloro. « On transpirait. La piste de danse est bondée. C’est maladroitement bondé. Il y a ce chaos et cette beauté. Je n’ai jamais cessé de sourire. »
Adolescente, elle se rend plusieurs fois à la Nouvelle-Orléans, puis passe quatre ans en France, où elle a travaille dans le domaine de la musique électronique et de la promotion d’événements – des compétences qui lui seront utiles lorsqu’elle lancera le Tigermen Den. Son projet initial était d’ouvrir un restaurant, mais sa passion pour la musique cajun allait influencer l’avenir de l’entreprise.
Andaloro s’est rendue dans d’autres lieux de la Nouvelle-Orléans pour écouter de la musique cajun, mais elle n’a jamais trouvé la même ambiance que dans le pays cajun. « Je ne retrouvais pas l’énergie du matin ni les planchers en bois », dit-elle. « Je n’avais pas l’impression d’être dans la maison de ma grand-mère, avec les tasses de café qui volent et la piste de danse en bois qui résonne. Soudain, j’ai réalisé que je n’avais peut-être pas besoin de faire deux heures et demie de route jusqu’à Lafayette pour trouver une piste de danse qui clqaue et un espace bondé. Peut-être pourrions-nous apporter un peu de cette expérience du pays cajun ici ».
C’est exactement ce qu’elle a fait. Depuis dix ans, le Tigermen Den organise un brunch Cajun Fais Do-Do tous les mois, jouant ainsi un rôle dans la préservation de ce qu’elle appelle la musique roots. « C’est la musique qui est l’essence originelle d’une culture, l’expression première d’un style au sein d’une culture. La musique cajun est aux racines née de cette culture musical traditionnelle. Nous préservons ce style original ».
Demain, la tradition reprendra avec le premier Brunch Cajun de la saison au Tigermen Den. Le deuxième dimanche de chaque mois, d’octobre à mai, des foules d’aspirants two-steppers cajuns viennent déguster des plats comme le gumbo et les haricots rouges et pressent sur la piste pour danser pendant que de musiciens comme Cheryl Cormier, The Daquiri Queens, et Sunpie and the Louisiana Sunpots. Jeunes et vieux, danseurs débutants et vétérans se mêlent à cette scène joyeuse.
Chaque événement inclut une brève leçon de danse qui commence à 12h00. Michelle Kowalski, originaire de Baton Rouge, dirige le cours et s’efforce de créer une ambiance accueillante qui permet aux danseurs débutants de prendre confiance en eux et de partager la joie de la danse cajun. « La seule chose que vous devez apporter à mon cours, c’est l’envie de danser. C’est l’atmosphère la plus invitante qui soit. C’est très facile de commencer. Les enfants et les chiens sont les bienvenus. On y mange bien», explique Kowalski. « Si vous passez un mauvais moment quand il y a de la musique cajun, je ne peux rien pour vous », plaisante-t-elle.
Le musicien Drew Simon joue chaque année au Tigermen Den en tant que membre du groupe T’Monde, car il a remarqué que les brunchs attiraient un public plus jeune. « C’est vraiment cool de voir ça. C’est l’un de mes concerts préférés. C’est un endroit tellement cool. C’est petit, c’est intime et les gens dansent tout le temps ».
Un habitué des danses cajun qui assisterait à un brunch au Tigermen Den remarquerait des différences subtiles entre celui-ci et un Fais Do-Do en Acadiana, car des éléments du style de vie plus bohème du Bywater filtrent sur la piste de danse. Les vêtements vintage, les tatouages et les cheveux teints sont plus fréquents que les boucles de ceinture et les bottes. Et c’est en partie ce qui rend le Tigermen Den Cajun Brunch unique. Les locaux, les tout nouveau Louisianais, les visiteurs et les touristes se mélangent pour célébrer l’une des plus grandes traditions du sud de la Louisiane en faisant du two-stepping sur les planches.
Et pour les futurs danseurs qui n’ont pas encore le courage de se rendre sur la piste, Kowalski a quelques conseils. « Si c’est quelque chose qui vous fait hésiter ou vous effraie, cela signifie que c’est exactement ce que vous devriez faire. Quand vous serez de l’autre côté, vous vous en voudrez d’avoir attendu si longtemps pour commencer. Allez-y! »