le Mercredi 11 décembre 2024
le Lundi 16 septembre 2024 20:14 | mis à jour le 24 octobre 2024 10:10 Éducation et immersion

La nouvelle génération de francophone louisianais traverse l’Atlantique et rencontre l’Histoire

Jude Villavaso with Marching 100 band director Ray Johnson.
 — Chloe Villavaso
Jude Villavaso with Marching 100 band director Ray Johnson.
Chloe Villavaso
En juin dernier, Jude Villavaso, jeune étudiant qui a appris le francais à l'école, s'est rendu en France où il a délivré un discours à l'occasion de la commémoration du débarquement de Normandie

Lorsque les célèbres St. Augustine High School Marching 100 se sont rendus en France en juin pour participer aux commémorations du 80e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, le comité d’organisation de Normandie demande à Aulston Taylor, Président de l’école, si un membre du groupe souhaitait prendre la parole ; Jude Villavaso étant l’étudiant ambassadeur français de l’école, M. Taylor lui a demandé s’il aimerait relever le défi.

Cet incroyable voyage a commencé lorsque l’organisation à but non lucratif Historic Programs invite  Don Francisco, diplômé de St. Augustine en 83, à participer au 80e anniversaire du débarquement en Normandie. Francisco a fait carrière dans l’armée en tant que musicien et a pensé qu’il pourrait y avoir un moyen d’inclure les étudiants actuels de St. Aug dans cette expérience ; il a suggéré l’idée au directeur du groupe Marching 100, Ray Johnson Sr., qui était tambour-major lorsque Francisco était membre du groupe.

Étudiant francophone de deuxième année, originaire de la région de Gentilly à la Nouvelle-Orléans, Jude a écrit et prononcé un discours d’ouverture en français et en anglais devant 2 500 participants, pour rendre hommage aux soldats alliés qui ont perdu la vie sur les plages normandes le 6 juin 1944. « J’étais très nerveux dans les jours qui ont précédé mon discours et même jusqu’au dernier moment », admet Jude. Cela n’a cependant pas duré longtemps. « Une fois que je me suis lancé, toute ma nervosité a commencé à s’estomper et elle a été remplacée par du bonheur et de l’excitation.»

Les jeunes du Lycée Saint Augustine veulent honorer ces combattants en empruntant ces valeurs dans leur vie quotidienne. C’est un grand honneur pour moi et c’est avec beaucoup de reconnaissance que je m’adresse à vous ici, afin de rendre hommage à ces combattants qui font partie des plus courageux de toute notre Histoire.

— Jude Villavaso

Voici le discours de Villavaso:

« Aujourd’hui, nous sommes ici pour nous rappeler des soldats qui ont donné leurs vies pour la protection de la liberté en Europe et dans le monde. Les soldats qui se sont sacrifiés là ont donné leur cadeau le plus précieux. Pas seulement pour leurs contemporains mais pour moi, mes amis, et aussi les générations à venir. Et pour ça, nous n’oublierons jamais. Ces soldats ne sont pas physiquement avec nous, donc c’est notre obligation de connaître notre histoire, raconter leur histoire, et continue à célébrer le Jour J et d’autres événements qui ont changé nos vies.

Alors en réfléchissant aux événements du Jour, j’ai réalisé qu’il y a beaucoup de similitudes entre ces soldats et les valeurs du Lycée Saint Augustine. Ces valeurs comme l’altruisme, le courage, la fidélité, et la fraternité sont ce que ces soldats ont donné le 6 Juin 1944. Les jeunes du Lycée Saint Augustine veut honorer ces combattants en reproduisant ces valeurs dans leur vie quotidienne. C’est un grand honneur pour moi et avec beaucoup de reconnaissance que je puisse m’adresser à vous ici présent pour faire hommage à ces combattants qui ont été les plus courageux dans tous d’histoire de Les États-Unis. »

Chloe Villavaso

En plus de son discours, Villavaso a facilité la communication entre les étudiants et accompagnateurs de St. Augustine et leurs hôtes français; il a traduit quand il le fallait et a aidé à organiser l’hôtel, à commander la nourriture pour ses camarades et a traduit les remarques d’introduction et de clôture de Ray Johnson au public qui l’écoutait. 

Le voyage d’une semaine comprenait des visites à Omaha Beach, Utah Beach et au cimetière américain de Bretagne, ainsi qu’au Jardin d’Acclimatation à Paris. « C’était spécial parce que des membres de mon école ont noué des liens d’amitié avec diverses personnes pendant leur séjour en France. Cette expérience m’a ouvert beaucoup de portes. »

Jude Villavaso avec le président du Lycée St. Augustine, Aulston Taylor.

 
 
Chloe Villavaso

Villavaso a appris le français à l’école, dans la cadre du programme Montessori à Audubon; il y a été président du corps étudiant et a développé une forte maîtrise du français. En 2022, il a participé à un échange scolaire avec des élèves d’Orléans, en France. « Cela m’a aidé à lancer de nombreuses activités dans lesquelles je suis impliqué aujourd’hui en ce qui concerne le français ».

En 2023, il entre au Lycée St. Augustine, où il continue ses études de français. Il parle souvent français avec sa cousine, qui a obtenu une maîtrise et un doctorat en français à l’université de Tulane. « Il a un amour naturel pour la langue et la culture », explique sa mère Chloe. « Il est tout simplement attiré par la langue. Il a étudié de manière très intensive pendant six mois avant de partir à Orléans avec Audubon Charter. Ce qu’il est capable de faire m’épate.

Villavaso aime aider les autres à apprécier les liens entre la Nouvelle-Orléans et la France.  Il envisage d’étudier le français à l’université et intégrer la langue dans sa carrière, éventuellement en travaillant dans un pays francophone. Il continuera à participer à des échanges d’étudiants et aimerait visiter d’autres pays francophones, comme le Maroc.

Jude a des liens avec la Louisiane française des deux côtés de sa famille. Son père, Branden, se souvient que ses grands-parents parlaient français dans son enfance.  « Vous saviez qu’il se passait quelque chose parce que lorsqu’ils commençaient à parler en français, cela signifiait qu’ils ne voulaient pas que vous entendiez ce dont ils parlaient », explique-t-il.  Sa mère, Chloe, est également issue d’une lignée francophone de la Nouvelle-Orléans. « Malheureusement, la langue ne nous a pas été transmise », dit-elle. « Ce qu’on m’a dit, c’est que c’était difficile pour les gens qui parlaient français, parce qu’on les méprisait.  Ils voulaient s’assimiler et se fondre dans la masse des anglophones. »

La réussite de Jude en matière d’immersion en français et d’échanges culturels lui a permis de rétablir ces liens familiaux avec l’héritage français. « C’est comme s’il revitalisait une partie de notre héritage », a déclaré son père. « Cela me fait vraiment plaisir. Et j’espère qu’il inspirera d’autres personnes, car nous ne voulons pas que la langue meure ici. C’est tout simplement rafraîchissant de le voir ».