NOUVELLE-ORLÉANS – 25 films, 10 pays. La 27e édition du Festival du Film Français – organisé par la New Orleans Film Society (NOFS) – offre cette année encore, une sélection multiculturelle et multi générationnelle de longs et courts métrages tournés en langue française. Du 22 au 28 février, les spectateurs pourront assister aux projections, toutes sous-titrées en anglais, dans l’historique salle de cinéma du Prytania; en ligne, le festival se poursuivra jusqu’au 3 mars.
Depuis presque trente ans, le Festival du Film Français réunit sur un même écran, vétérans et nouveaux talents du cinéma, raconté en français; d’horizons différents, parfois dramatiquement, ces artistes ont en commun la passion de filmer et le désir de partager leurs histoires, celles des autres. Directeur artistique Clint Bowie, chargé de la programmation pour l’ensemble des événements organisés par la NOFS, insiste sur l’importance et la volonté d’élargir la compréhension du cinéma français en incluant des œuvres provenant de pays et cultures différentes.
« Nous essayons vraiment de mettre en valeur l’étendue des voix cinématographiques qui parlent aux cultures francophones du monde entier, pas seulement en France, d’où généralement nous sélectionnons la plupart des films », Bowie a déclaré. Avec quatre titres à l’affiche, la qualité et diversité du cinéma français de Louisiane sont sans aucun doute représentés et célébrés.
Cette édition présentera pour la première fois une version restaurée de deux films du réalisateur Glen Pitre, entièrement tournés en français louisianais, Huit Piastres et Demie! (1981) et La Fièvre Jaune (1978); cerise sur le gâteau, les spectateurs auront l’opportunité d’échanger avec Pitre qui sera présent pour discuter et répondre aux questions après la projection.
Le collectif Indie Collect basé à New York travaille à la restauration de films qui sont sur le point d’être perdus à jamais. « Ils font un travail vraiment incroyable, souligne Bowie. Nous les avons contactés l’année dernière simplement parce que nous leur demandons régulièrement ce sur quoi ils travaillaient. Lorsque nous avons découvert qu’ils travaillaient sur les films de Glen, nous avons immédiatement commencé à réfléchir à la manière dont nous pourrions les présenter en avant-première. Nous étions ravis d’apprendre qu’ils pensaient pouvoir les terminer à temps pour le Festival du Film Français. »
Aux côtés de Pitre, le festival accueillera également les premières mondiales de deux courts métrages réalisés par de jeunes talents louisianais et soutenus par des organisations locales. Tout d’abord, Heritage, de Chasah et Charliese West, raconte l’histoire d’une adolescente, déconnectée de son histoire familiale et ses racines créoles, qui va être amenée à repenser son héritage après une rencontre fortuite avec une jeune francophone. Les sœurs West ont participé à des ateliers organisés par la NOFS destinés à encourager les jeunes réalisateurs de couleur de Louisiane, et ont reçu le soutien de la Nous Foundation pour ce film.
Avec Footwork, Drake LeBlanc, co-fondateur de Télé-Louisiane, nous emmène au cœur de la culture des cowboys créoles, dans laquelle il a grandi à Lafayette et ses alentours. Le film est le lauréat 2023 de la subvention ‘French Culture Film’ et a reçu un financement de $25,000; établi par Create Louisiana, ce programme soutient la communauté créative de Louisiane et le lien profond de l’État avec la culture française et francophone.
«Nous sommes très heureux de pouvoir présenter le travail de Drake, qui a été financé en partie grâce à une subvention d’une organisation appelée Create Louisiana, un de nos partenaires de longue date, explique Bowie. C’est un monde tellement fascinant dont parle Drake ici, un monde suffisamment éloigné de la Nouvelle-Orléans, pour que beaucoup de gens basés en ville n’en soient même pas conscients.»
La jeune réalisatrice Johanna Mokabi fait partie des artistes en résidence à la Villa Albertine ici en Louisiane, un programme créé par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et avec le soutien du ministère de la Culture. Née et élevée à Paris, de parents d’origine congolaise et sénégalaise, Mokabi a grandi dans le treizième arrondissement, en face des locaux du célèbre journal Le Monde. « Je voulais devenir journaliste, je voulais raconter des histoires, des vies quotidiennes et ordinaires, auxquelles tout le monde pourrait s’identifier », Mokabi a déclaré.
Que ce soit par le biais de documentaires ou de fictions, le travail de Mokabi s’efforce de comprendre « comment une diaspora arrive à faire sa place dans un pays. » Lauréate de l’édition 2023 du Fonds Création & Diversité, délivré par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques en partenariat avec France Télévisions, Mokabi travaille sur un pilote télé célébrant Léonie et Antoinette Laval, deux soeurs issues de la bourgeoisie martiniquaise, qui obtiennent une bourse pour étudier à La Sorbonne dans le Paris des années 20. Johanna a créé sa maison de production Sirens Films, en 2023.
Bien d’autres films sont à l’affiche cette année du Festival du Film Français, qui ouvrira avec le dernier film de François Ozon, Mon Crime. En guise de clôture, les spectateurs les plus aguerris pourront visionner Menus-Plaisirs, cet opus de quatre heures du légendaire documentariste Frederick Wiseman, qui nous plonge dans l’univers de la gastronomie française. D’après Bowie, « on ne voit pas le temps passer et on en redemande. »
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