À Montréal, il est difficile de trouver des billets pour aller écouter les Salebarbes, un groupe acadien aux fortes influences louisianaises qui, en quelques années seulement, est devenu l’un des plus connus du Québec. Presque tous les spectacles des Salebarbes à venir cette année sont complets.
Leurs chansons sont vives et joyeuses, toutes faites pour danser et rassembler les gens; leurs paroles célèbrent la vie en Louisiane, unique en son genre, et mélangent plusieurs versions du français comme celles du Nouveau Brunswick, de Louisiane, ou encore des Îles de la Madeleine. Il pourrait sembler surprenant pour beaucoup de Louisianais d’apprendre que tellement d’artistes acadiens sont influencés par notre sons traditionnels louisianais, mais cet échange culturel remonte aux années 1970, quand Zachary Richard a connu ses grands succès au Québec. Pour beaucoup de francophones en situation minoritaire au Canada, la musique louisianaise est donc très présente.
Les Salebarbes ont commencé à jouer pour le plaisir avec des musiciens acadiens, puis très rapidement, se sont produits au Pas Perdus, salle de spectacle des Îles de la Madeleine. Leurs reprises de chansons louisianaises sont compilées dans l’album Live au Pas Perdus. Les membres du groupe partagent une passion pour la tradition musicale de Louisiane; Jonathan Painchaud a même nommé son chien Belton pour honorer Belton Richard. Mais même si les Salebarbes s’inspirent grandement des classiques louisianais, leur style est moderne et cherchent toujours à innover . « C’est vraiment un style hybride, explique Jonathan. On essaie pas de copier les originaux. C’est pour ajouter un peu de notre épice à ce gumbo là, pour lui donner une saveur de sirop d’érable. »
Painchaud voit de plus en plus de jeunes se mettre à apprendre cette musique et ses traditions. Il espère que les Salebarbes auront un jour l’opportunité d’apporter leur contribution unique en Louisiane.
Drummondville, ville laurentienne entre Québec et Montréal, accueillera en octobre la troisième édition du festival Trad-Cajun, créé en 2022 par Steve Veilleux. Lui-même musicien, il a passé pas mal de temps en Louisiane. Veilleux est « tombé en amour avec la culture de la Nouvelle-Orléans » et pense que « la culture trad québécoise trouve un beau complément avec la musique cadienne. » Il voit beaucoup de familiarité entre les deux mondes. « C’est la musique de cœur, bon vivant. »
Ce festival est une scène à ciel ouvert pour la nouvelle vague de talents fascinés par la culture louisianaise, et les spectateurs peuvent y écouter des artistes canadiens jouer du zydeco et du jazz. Les Salebarbes y ont joué l’année dernière. Les programmateurs travaillent dur pour créer de nouveaux liens avec des artistes louisianais, comme Waylon Thibodeaux. La cuisine louisianaise est aussi de la partie, et on peut facilement trouver des plats typiques comme le gumbo, les poboys ou les écrevisses bouillies. « Les gens sont curieux, ils voulaient goûter les plats de Louisiane. » Même les sentiers du parc portent les noms des rues du Vieux Carré, menant par exemple les participants aux scènes Lafayette et Laissez Les Bons Temps Rouler.
Et bien sûr, il y a pas mal d’artistes francophones qui ont décidé de partager leur culture avec la Louisiane. Lisa LeBlanc, « la reine de Chiac Disco », a joué plusieurs fois au Festival International de Lafayette. Même si ses chansons appartiennent essentiellement au registre disco, elle a sorti une reprise de « Bonsoir Moreau » en collaboration avec les Salebarbes, et a également eu l’opportunité de jouer avec plusieurs artistes locaux . La musique louisianaise joue depuis longtemps un rôle très important dans la vie de l’artiste. « J’avais 20 ans et je suis tombée complètement en amour avec la Louisiane », explique LeBlanc en se remémorant sa première visite en Louisiane. « C’est intéressant de voir comment nos cultures se ressemblent mais en même temps sont différentes. On voit tout de suite qu’il y a quelque chose de similaire dans l’atmosphère et l’accueil des gens. »
LeBlanc est convaincue du potentiel de cet échange transfrontalier. « Je pense qu’il a de plus en plus d’opportunités pour faire un pont entre les deux. Ce sont des échanges qui font du bien à tout le monde. De voir comment une culture est proche et différente de la nôtre, d’absorber ça et de revenir à la maison avec pleins de belles idées, d’apprentissages. »