Le centre communautaire Beanlandia, siège de la communauté socialement engagée Krewe of Red Beans, a récemment bouclé une série de 10 soirées françaises hebdomadaires, entre tables rondes où l’on discute en français, et concerts qui célèbrent la langue.
Le fondateur de Beanlandia et Red Beans, Devin DeWulf, a reçu un financement via une subvention du Fonds Touristique et Culturel de la Nouvelle-Orléans pour cette série de spectacles, et il recherche désormais des donateurs mensuels pour soutenir les futures soirées françaises. « Il y a de l’argent en dehors de notre État que nous voulons injecter dans l’économie culturelle de Louisiane et dans les efforts de préservation de la langue française, explique DeWulf. Avoir une table en français pendant une heure, puis de la musique en français contribue grandement à cela. »
Beanlandia espère recruter suffisamment de donateurs pour éventuellement organiser des soirées françaises dans les écoles ou les centres communautaires de tout l’État. En juin, les donateurs versaient un total de 400 dollars par mois, soit suffisamment pour financer une soirée française tous les deux mois. « C’est un point de départ », a déclaré DeWulf, avant d’ajouter: « J’espère que nous continuerons à développer [le concept] et à l’amener à un point où il aura lieu chaque mois, puis deux fois par mois, puis chaque semaine, puis à plusieurs endroits. Ce projet pourrait vraiment fonctionner en roue libre. »
Krystal Jensen, résidente du Tennessee, est l’une de ces donatrices grace a qui ces soirées françaises sont possibles. Membre des Red Beans et amoureuse de Mardi Gras, Jensen et ses amis ne manquent pas une opportunité d’écouter de la musique cajun et Zydeco à chaque fois qu’ils visitent la Nouvelle-Orléans. « Je ne sais pas si j’aurais connu la musique cajun si ce n’était pas pour la Nouvelle-Orléans. Je pense que ce serait une vie très triste sans cela. » Jensen soutenait déjà les efforts de collecte de fonds de Beanlandia qui visaient à aider les musiciens sans travail pendant la pandémie. Lorsqu’une nouvelle occasion de soutenir la musique cajun et zydeco s’est présentée, Jensen n’a pas hésité. Elle paye 50 $ par mois pour aider la préserver la culture française et les autres efforts de Beanlandia. « Il s’agit vraiment d’un effort communautaire, et j’adore ça. Nous voulons nous assurer de ne pas perdre la culture qui existe ici et nous voulons répandre cette joie. »
Les efforts de Beanlandia ont payé et permettent maintenant de rémunérer les artistes qui se produisent en français lors de ces soirées. L’un d’entre eux est le célèbre musicien Louis Michot, qui a contribué à l’organisation de l’ensemble des spectacles. « J’étais beaucoup content qu’ils m’ont demandé pour aider parce qu’on a besoin de plus des opportunités pour le monde de parler en français, pour vivre le français, et pour soutenir la langue », insiste Michot, optimiste quant au modèle d’abonnement. « C’est aussi important pour le monde qui vit ailleurs, soit c’est un autre état dans les Etats-Unis, ou si c’est un autre pays. Le monde peut avoir la chance pour faire partie du mouvement français avec notre organisation, et ils peuvent être une membre. Soit s’ils viennent pour visiter ou soit ils voient l’importance du français en Louisiane, ils ont la chance pour aider. Ça va directement aux artistes et aux ‘culture bearers’ qui va continuer à pratiquer la langue ici en Louisiane. »
Michot envisage un avenir qui pourrait inclure des cours de musique, des cours de langue et un espace pour encourager davantage de personnes à parler français dans une ville où les visiteurs francophones sont souvent déconcertés par le manque de français parlé dans la ville. « Il y a beaucoup de monde qui viennent en Louisiane et cherchent le français. C’est plus facile a trouver vers lafayette parce qu’ils ont changé les signes des rues et ils ont plus des opportunités visibles. Mais dans la Nouvelle-Orléans, c’est plus difficile à trouver. Mais il y a beaucoup de personnes qui cherchent le lien. Et c’est pas toujours évident à trouver. »
Une participante qui a profité de plusieurs soirées françaises de Beanlandia est Ellen Winchell, résidente de Mandeville. « Je viens pratiquer mon français en déclin, a déclaré Winchell. Je ne veux pas le perdre. Avant, je pouvais rêver en français et traduire en anglais, mais maintenant c’est tellement perdu. » Winchell est fan de la programmation globale de Beanlandia et, en particulier, de son objectif de préserver la culture française et créole en Louisiane. Elle y voit une opportunité de croissance et elle est encouragée par la nature familiale des événements. « J’ai remarqué qu’il y avait un grand nombre de familles ici. J’ai vu l’endroit rempli d’enfants et je pense que c’est aussi important. »
DeWulf a contacté des organisations francophones locales pour explorer les opportunités de partenariat. Il estime que la première série de spectacles et les premiers donateurs prouvent qu’il existe un réel intérêt du public à soutenir les nuits françaises. « Nous pouvons rassembler les différentes personnes qui souhaitent soutenir ce projet. J’en suis excité. Il existe un potentiel de croissance et une voie réaliste vers le succès. »